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Philippe Charlot

il y avait dans un placard de la maison le Photax de mon père, “on touche avec les yeux”. En cachette, je le déshabillais de son étui marron. Il sentait bon le cuir. Je tournais son objectif qui faisait sortir cet étrange œil noir et brillant. Il avait accompagné mon père durant son service militaire en Algérie. Photos carrées en noir et blanc…. Invitation au voyage.

Dans le bas de ce rangement qui sentait bon le fixateur, des flashes Magicube à usage unique “attention, c’est très fragile Philippe”, un trépied Kodak qui avait bien du mal à rester tranquille, les albums de famille que ma mère tenait rigoureusement à jour… Et puis, le rebut, les photos loupées dans la boîte à chaussures… Des pieds coupés, des carrés noirs, des carrés blancs, un tas de portraits flous… La cour des miracles de la photographie de famille.

J’ai découpé, collé, brûlé dans les coins ces papiers brillants pour voir ce que ça faisait…

Un jour enfin, j’avais 7 ans. Le « tour de France » passait derrière la maison. La famille en rang d’oignon, nous attendons les coureurs. La caravane passe, on attrape des sachets Banania. Papa sort cérémonieusement son nouvel appareil. – Et moi, je peux ? C’est oui. J’ai le droit de faire ma première photo. Elle a terminé dans la boîte à chaussures.

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